Premier préalable : Des partenariats.
Sans entrer dans une analyse approfondie de l’histoire
du développement et des courants qui ont marqué différentes
phases, il existe une constante qui s’est toujours imposée
et qui, malgré les multiples efforts de penser autrement
un processus qui à montré ses limites, reste encore
d’actualité et fortement ancré dans les rapports
Nord-Sud : cette constante, c’est la volonté d’imposer
un modèle existant, celui du "Nord", sans prendre
en compte des spécificités, des particularités
et des réalités à l’intérieur
desquelles ce modèle ne fonctionne pas et devient source
d’effets pervers et déstabilisants pour les sociétés
qu’on est censé accompagner.
Le constat n’est pas celui de quelques groupes
isolés ou ONG tiers-mondistes mais de nombreux organismes
impliqués depuis longtemps dans les processus de développement.
L’UNESCO avait même, à partir du constat, déclaré
la période 1990-2000 la "décennie du développement
culturel " en soulignant que les non prise en compte des facteurs
culturels dans les processus de développement avaient abouti
à un échec par rapport aux objectifs recherchés.
Mais lorsque l’on ne possède pas une
connaissance approfondie des enjeux culturels, des spécificités
économiques et des particularités sociales d’une
région donnée, faut-il pour autant renoncer à
agir ?
C’est à partir de ce point que le partenariat
prend tout son sens. Depuis une vingtaine d’années
(voire plus), nous assistons à l’émergence de
nouvelles structures de la société civile au Sud (comme
à l’Est). Ce sont des acteurs locaux qui ont une connaissance
suffisante de leur environnement social, économique ou culturel
et qui, à ce titre, sont des interlocuteurs privilégiés.
Certes, ils ne détiennent pas forcement des vérités
absolues et ont, tout comme nous, leurs limites. Mais la dynamique
engendrée par ce type de partenariat, l’interaction
qui découle d’une collaboration où chaque structure
représente une source de savoir et d’innovation, sont
sans doute les meilleurs moyens de ne pas tomber dans les pièges
du modèle imposé.
De plus, peut-on désormais imaginer un processus
de développement qui n’associe pas les premiers concernés,
ceux qui sont censés en bénéficier… Pour
aller un peu plus loin, peut-on imaginer un processus de développement
qui ne soit pas initié par ceux-là ? La réflexion
rejoint une approche qui nous paraît important dans le domaine
de l’animation : L’animateur n’est pas celui qui
"fait " ni celui qui "fait faire " mais celui
qui "permet de faire", un accompagnateur.
C’est
dans ce sens que le partenariat nous paraît comme le premier
préalable à toute démarche de développement.
Deuxième
préalable : L’Education au Développement. De
la démarche intuitive à une démarche raisonnée.
Le deuxième préalable se traduit par
une nécessité de se former et de former les acteurs
des associations aux problématiques liées au développement.
Lorsque l’on découvre l’état
du monde, les effets générés par ce que certains
qualifient de "sous-développement", il est tout
à fait normal et honorable de vouloir agir afin d’exprimer
sa solidarité. L’expérience démontre
néanmoins que de nombreuses actions entreprises sont non
seulement inefficaces mais qu’elles peuvent aussi avoir des
conséquences négatives (qu’elles soient, d’ailleurs,
des projets individuels, associatives ou gouvernementales. Personne
ne détient le monopole de l’erreur).
Si on cherche à éviter l’erreur
et si on a l’ambition de prétendre à un minimum
d’efficacité, il faut savoir traduire cette démarche
intuitive et solidaire par une démarche raisonnée
et réfléchie. C’est alors qu’il faut s’inspirer
de l’histoire, de l’expérience et de la réflexion
de ceux qui travaillent depuis des années dans le champ du
développement.
Nombreux sont ceux qui proposent cette réflexion
et il ne faut pas se priver d’aborder cette démarche
avant de se lancer dans l’aventure que l’on revendique
" solidaire ".
Nous vous proposons
quelques pistes sur la page "ressources". N’hésitez
pas à fouiller plus loin… aussi loin que possible !
Troisième préalable : A la recherche de
la réciprocité.
Autre préalable qui nous paraît incontournable
: la réciprocité. Nous ne nous posons, en aucun cas
en tant que détenteurs d’un savoir absolu et incontestable,
avec la "sainte mission" de sauver un monde de défavorisés
qui, sans nous, n’auraient aucun issu à leur sombre
sort. Le développement nous paraît, avant tout, comme
étant un processus (et non un état) qui existe au
travers de la dynamique qui s’établit entre plusieurs
acteurs, endogènes et exogènes. Chacun contribue à
cette dynamique et chacun s’enrichit du savoir de l’autre
et du savoir qui découle de la relation. La question de départ
est double :
- Qu’avons-nous
à apporter ?
- Qu’avons-nous à recevoir ?
A ce stade, il faut sans doute nuancer notre propos
lorsque nous affirmons " ne pas être une structure de
développement ". En effet, nous ne sommes pas investis
dans ce que l’on entend traditionnellement par des programmes
de développement (Santé, agriculture, infrastructures,
macro ou micro économie, commerce équitable etc.).
Par contre, notre action se situe clairement dans une dynamique
de développement et il faut que nous en soyons conscients
si nous voulons prétendre à la moindre efficacité
dans nos propres objectifs. Former des animateurs, travailler sur
les problématiques liées à la gestion de projets
ou soutenir des initiatives associatives sont autant d’actions
qui s’inscrivent dans des processus d’évolution
sociale. Elles ont un objectif, certes lointain mais néanmoins
bien réel, de renforcement de la société civile.
Dans des pays où la participation démocratique demande
à être soutenue, de telles actions ont un sens bien
concret… Peut être pouvons nous insinuer qu’il
s’agit d’une base fondamentale de tout développement.
Sans réciprocité, ces bases restent
de la pure théorie. C’est pourquoi, dans la conception
et dans la réalisation des échanges et des formations,
rien ne se fait sans concertation et le souci de réciprocité
est toujours de mise.
Quatrième
préalable : Etre présent et participer aux lieux d’échanges,
de débats, de réflexions et d’innovations. La
représentation.
"L’action alimente le discours qui initie
l’action." C’est du moins ce que disaient les volontaires
qui se rendaient compte que toute forme d’action doit trouver
un prolongement dans une réflexion globale sur le sens de
l’entreprise. Sans quoi, un projet commence et s’arrête,
puis disparaît.
Participer au débat et à la réflexion,
c’est utiliser un savoir pour inspirer de nouvelles actions
et s’inspirer des autres pour évoluer soi même.
C’est aussi le défi de la capitalisation.
Pour être en adéquation avec les idées
mises en pratiques sur le terrain, il est important d’être
présent au cœur des espaces où l’échange
devient une force d’action…..
TR
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