Les discours
"révolutionnaires", ceux qui prônaient l’émancipation
des peuples, la redistribution des terres et la prise en main "populaire"
des destinés n’a pas abouti non plus (nous nous abstiendrons
de tenter une analyse ici, considérant la complexité
des diverses situations).
Malgré
les échecs successifs, le fatalisme n’est pas de mise
et les efforts se poursuivent pour trouver une nouvelle voie qui
permettrait d’avancer là où d’autres se
sont révélées inefficaces.
Origines
d'une idée.
Les années
soixante-dix ont vu naître de nombreuses dynamiques nouvelles
et des bouleversements considérables des "façons
de penser" qui avaient prévalues jusqu’alors.
Certains évoqueront
les dynamiques nées aux lendemains de Mai 68. Certes, l’époque
n’est pas neutre mais se situe dans une globalité qu’il
faut prendre en compte pour expliquer l’émergence de
conscientisations nouvelles. La remise en question de la consommation
engendrée par les "trente glorieuses", la Guerre
du VietNam et les mouvements de contestation à travers le
Monde, le rejet d’une vision de la moralité devenu
caduc (notamment en termes de sexualité / apparition de la
pilule contraceptive / Nouvel élan pour les mouvements féministes),
les luttes pour les égalités et contre les discriminations
aux USA, sans oublier l’Apartheid, puis la Guerre du Biafra
en 69 ou la catastrophe du Pakistan Oriental en 70 (Ces deux événements
provoqueront la naissance d’une nouvelle vision de l’humanitaire)…
Puis encore et encore le coup d’Etat au Chili en 71, l’afflux
de réfugiés politiques et une certaine forme de contamination
politique (au bon sens du terme)… sans oublier la crise du
pétrole de 74 (éclosion de mouvements écologiques)
et du chômage (à grande échelle).
Pourquoi évoquer
les dynamiques des années soixante dix, qui se développeront
et s’institutionnaliseront au long des années quatre-vingt
? Tout simplement pour poser une hypothèse : la période
représente avant tout un décloisonnement des problématiques
et des mouvements en développement. La notion de "globalité",
voire de "transversalité", devient prédominante
: la solution d’un problème passe par la nécessité
de resituer celui-ci dans un contexte général.
Le développement
n’est pas une exception à la règle. Aborder
la question sous un angle purement économique, social ou
politique ne peut aboutir puisque le problème est lié
à un ensemble de facteurs et c'est cet ensemble qui permet
d'aborder, d'analyser et de comprendre le problème.
C’est
un des points fondamentaux de la réunion du CNUCED à
Rio en 1992, où apparaît officiellement, pour la première
fois, la notion du développement durable.
Le développement
doit désormais prendre en compte, non seulement les aspects
économiques et technologiques… mais aussi les dimensions
sociales ou encore les questions relatives à l’environnement.
Agir sur une dimension sans prendre en compte les autres, comme
cela avait été fait dans le passé, se solde
par l’échec. Il ne s’agit plus de réfléchir
dans une logique "ici et maintenant" mais d’aborder
la complexité du global, autant dans le temps que dans l’espace
: façonner un monde qui ne laisse pas la place aux générations
futures n’a pas de sens. Omettre les liens qui lient le Sud,
le Nord, l’Ouest et L’Est, autant en termes écologiques
que politiques ou économiques, ne permet en aucun cas de
comprendre les problèmes qui se posent et donc de tenter
d’en dégager des solutions.
Passer "du
local au global" (et inversement), est une expression qui,
dans ce contexte, prend tout son sens.
Ne plus concevoir
le développement comme une suite de projets qui ne s’intègrent
pas dans une politique global ou encore comme une démarche
qui n’existe pas en dehors des statistiques économiques
est ainsi la première base sur laquelle se fonde le développement
TR
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