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LE DEVELOPPEMENT DURABLE
Tom Roberts

 

"Le développement soutenable est un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs."

Notre avenir à tous
extrait du "rapport Brundtland"
http://www.agora21.org

Décloisonner les problématiques

Le développement, tel qu’il a été conçu dans les années cinquante et tel qu’il a été mené jusque dans les années quatre-vingt-dix, a montré ses limites. A tel point qu’on évoque aujourd’hui les "décennies perdues du développement".

D’un côté, l’approche purement économique, fondée sur les travaux de l’économiste Rostow, a échoué, essentiellement parce qu’elle ne prenait pas en compte les dimensions humaines des réalités du Sud.

De même, les mutations technologiques espérées ont aussi échoué, souvent pour les mêmes raisons, mais aussi parce que l’on tentait d’exporter des techniques inadaptables (ex : machines agricoles inadéquates aux sols fragiles de certaines régions sub-sahéliennes).

Les discours "révolutionnaires", ceux qui prônaient l’émancipation des peuples, la redistribution des terres et la prise en main "populaire" des destinés n’a pas abouti non plus (nous nous abstiendrons de tenter une analyse ici, considérant la complexité des diverses situations).

Malgré les échecs successifs, le fatalisme n’est pas de mise et les efforts se poursuivent pour trouver une nouvelle voie qui permettrait d’avancer là où d’autres se sont révélées inefficaces.

Origines d'une idée.

Les années soixante-dix ont vu naître de nombreuses dynamiques nouvelles et des bouleversements considérables des "façons de penser" qui avaient prévalues jusqu’alors.

Certains évoqueront les dynamiques nées aux lendemains de Mai 68. Certes, l’époque n’est pas neutre mais se situe dans une globalité qu’il faut prendre en compte pour expliquer l’émergence de conscientisations nouvelles. La remise en question de la consommation engendrée par les "trente glorieuses", la Guerre du VietNam et les mouvements de contestation à travers le Monde, le rejet d’une vision de la moralité devenu caduc (notamment en termes de sexualité / apparition de la pilule contraceptive / Nouvel élan pour les mouvements féministes), les luttes pour les égalités et contre les discriminations aux USA, sans oublier l’Apartheid, puis la Guerre du Biafra en 69 ou la catastrophe du Pakistan Oriental en 70 (Ces deux événements provoqueront la naissance d’une nouvelle vision de l’humanitaire)… Puis encore et encore le coup d’Etat au Chili en 71, l’afflux de réfugiés politiques et une certaine forme de contamination politique (au bon sens du terme)… sans oublier la crise du pétrole de 74 (éclosion de mouvements écologiques) et du chômage (à grande échelle).

Pourquoi évoquer les dynamiques des années soixante dix, qui se développeront et s’institutionnaliseront au long des années quatre-vingt ? Tout simplement pour poser une hypothèse : la période représente avant tout un décloisonnement des problématiques et des mouvements en développement. La notion de "globalité", voire de "transversalité", devient prédominante : la solution d’un problème passe par la nécessité de resituer celui-ci dans un contexte général.

Le développement n’est pas une exception à la règle. Aborder la question sous un angle purement économique, social ou politique ne peut aboutir puisque le problème est lié à un ensemble de facteurs et c'est cet ensemble qui permet d'aborder, d'analyser et de comprendre le problème.

C’est un des points fondamentaux de la réunion du CNUCED à Rio en 1992, où apparaît officiellement, pour la première fois, la notion du développement durable.

Le développement doit désormais prendre en compte, non seulement les aspects économiques et technologiques… mais aussi les dimensions sociales ou encore les questions relatives à l’environnement. Agir sur une dimension sans prendre en compte les autres, comme cela avait été fait dans le passé, se solde par l’échec. Il ne s’agit plus de réfléchir dans une logique "ici et maintenant" mais d’aborder la complexité du global, autant dans le temps que dans l’espace : façonner un monde qui ne laisse pas la place aux générations futures n’a pas de sens. Omettre les liens qui lient le Sud, le Nord, l’Ouest et L’Est, autant en termes écologiques que politiques ou économiques, ne permet en aucun cas de comprendre les problèmes qui se posent et donc de tenter d’en dégager des solutions.

Passer "du local au global" (et inversement), est une expression qui, dans ce contexte, prend tout son sens.

Ne plus concevoir le développement comme une suite de projets qui ne s’intègrent pas dans une politique global ou encore comme une démarche qui n’existe pas en dehors des statistiques économiques est ainsi la première base sur laquelle se fonde le développement

TR

 

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