Septembre / Octobre 2010 : Chroniques de crise…
  La crise ? Elle est désormais derrière nous et ça risque de faire mal.

Celle qui nous a fait bien rigoler, c’est bien sur la célébrissime Christine Lagarde, Ministre des finances de sont état, lorsqu’elle nous avait assuré que tout allait bien dans le meilleur des mondes, que l’économie tenait bien et que la France résistait superbement… quelques semaines avant le crash de 2008.

Depuis, chacun a pu le constater, le vérifier, l’observer et le subir : la crise de l’économie virtuelle a débordé sur le monde réel. Quelques banques se sont cassé la tronche ici ou là mais les dégâts ont été limités grâce au pognon qu’on à trouvé dans les double-fonds des caisses vides… Par contre, les dégâts côté emploi et autres-sources-de-revenus des gens ordinaires se sont multipliés… Le chômage a explosé et la précarité s’est généralisée.

On aurait voulu le faire exprès, on n’aurait pas fait autrement. Avant, on faisait un plan social pour faire face à la compétitivité mondiale, on délocalisait pour augmenter la part des dividendes et satisfaire les actionnaires… Aujourd’hui on fait pareil, mais avec la conscience tranquille : désormais, «c’est la faute à la crise»…

Pendant ce temps, à Bercy, on minimise la montée du chômage et de la précarité. Les mêmes qui se sont plantés lamentablement hier nous assurent aujourd’hui que «la crise est désormais derrière nous»…

Ca fait mal au cul… Mais «nous» sommes rassurés, la vaseline ayant fait son effet.

Besson,
le Judas génétiquement modifié…

On aurait presque pitié de lui… Il paraît que Judas était nécessaire au plan divine car, sans lui, le christianisme n’aurait pas vu le jour (fallait bien que le Christ soit dénoncé, jugé, condamné, crucifié afin de ressusciter et d’inscrire son passage dans l’histoire de l’humanité…). Mais Besson, transfuge de gauche (enfin, d’une «certaine gauche»), cautionne un plan autrement plus sordide où, pour la première fois depuis des lustres, on nomme explicitement une communauté ethnique qui serait responsable d’une part non négligeable d’une certaine insécurité (bien qu’il nous assure qu’il ne savait rien, qu’il n’était pas au courant, qu’il n’a rien vu, qu’il n’avait pas lu cette fameuse circulaire concernant le démantèlement des camps illégaux… et surtout ceux des Roms…) répondant ainsi à cette peur ancestrale : la peur de «l’autre», de l’étranger, de l’inconnu. Une peur qui reste depuis longtemps un sacré argument électoral.

Judas, lui, au moins, a eu l’honnêteté de se pendre.

 

  Les jurys populaires…

Grâce à Hortefeux, certains d’entre-nous ont appris qu’un «jury», au pluriel, s’écrit «jurys» et non «juries»… C’est ce qu’on appelle une exception ? Bon, est-ce exceptionnel qu’Hortefeux, de l’intérieur, s’extériorise en se prenant pour le Gardien des sots (ou garde des sceaux, peu importe), préconisant une généralisation des jurys populaires ?

Bon, en soi, on n’a rien contre les jurys populaires. Cela permet d’équilibrer un rapport de forces entre la caste des juges et la populace de nous-autres… ceux qui sont plutôt en bas et qui ont néanmoins le droit de s’exprimer en tant que citoyens.

Le seul problème, c’est que la justice, c’est comme la démocratie : ça s’apprend ! Badinter, lorsqu’il a aboli la peine de mort en France, évoquait quelques principes fondamentaux qui ne pouvaient pas être soumis au référendum. Cela peut déranger les accros à la démocratie à tout prix, mais l’expérience démontre que si un jour, 60% de la populace est contre la peine de mort et 40% pour, il suffit d’un crime abominable (gamine enlevée, torturée, violée et massacrée) et d’une bonne campagne de presse pour que la tendance s’inverse. Cherchez l’erreur. Les gens sont trop souvent cons.

(Je me suis toujours posé la question : si, en 42, on avait fait un sondage «êtes vous pour ou contre l’occupation allemande ?…attention, vos réponses seront transmises à la Gestapo… », quel aurait été le résultat statistique ?) …

Bref, OK pour des jurys populaires mais à condition que le peuple puisse enfin bénéficier d’une réelle éducation citoyenne…

On n’en est pas encore là. Y’a du taff…

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Sarko à Lascaux…

C’est Cro-Magnon qui a expulsé Neandertal ou c’est l’inverse ? Je ne m’en souviens plus (c’est vrai, c’était il y a fort longtemps)…

En tous cas, on comprend mieux la politique archaïste du gouvernement actuel.

Tiens, et pendant qu’on y est, le petit montage à droite (ou à gauche en fonction de la façon que vous tenez votre ordinateur et de quel côté de l'équateur vous êtes) a été fait, si ma souvenance est bonne, en 2004 lorsque notre cher omniprésident était à l’intérieur… Je suis tombé dessus (sur le montage, pas l’omniprésident, c’est trop risqué) ces derniers temps et que lis-je ? Jeunes (toujours aussi dangereux), putes (lois contre le racolage passif) et… Roms… Déjà, il semblait avoir une dent contre eux… Mais qu’est qu’ils lui ont fait pour tant de hargne ?..

 

 

Retraites.

Curieux. Cela fait environs quarante ans que je trime… enfin que je bosse (que je travaille quoi !)… et pourtant je n’ai qu’environs 25 annuités… Bref, la retraite ne me concerne pas (Wallounada ! -> Wallou en arabe = rien. Nada en espagnole = Rien… Wallounada = trois fois rien !)… Bon, les voyages (avoir bossé dans l’humanitaire avant que ce ne soit reconnu comme un emploi) et avoir été immigré clandestin pendant environs cinq ans y sont pour quelque chose. Pourtant, je reste solidaire de ce mouvement pour plusieurs raisons : d’abord parce que ce droit a été arraché par le sang et la sueur du peuple, instauré par le Conseil de la Résistance à une époque où les patrons se faisaient discrets car trop d’entre eux avaient collaboré avec l’ennemi (maintenant, les tauliers ont repris du poil de la bête grâce au MEDEF et ce n’est pas pour rien que la soi-disant réforme colle superbement à leurs revendications…). Ensuite, parce qu’un droit est un droit et ça, c’est sacré… Pas touche ! Do not touche… Basta !

On cause de «déficit» de la caisse des retraites et de l’allongement de l‘espérance de vie pour justifier le recul de l’âge… Là, c’est carrément rigolo…

Attends, je prends un exemple au hasard : t’est patron d’une boite de cinquante ouvriers… Y’en a dix qui chargent, chaque jour, des camions (ne me dites pas le contraire… je l’ai fait). Les dix contribuent, par leur force de travail, aux retraites de leurs parents. C’est, dit-on, le principe de la répartition.

Puis t’achète un Fenwick… Un de ces engins à roues, avec un moteur, qui chargent allègrement les camions… Il suffit d’un seul mec pour le conduire. Du coup, tu licencies les neuf autres. Normal, ils ne servent plus à rien. Exit donc neuf contributions à la retraite et on a neuf chômeurs qui coûtent bonbon à la société. Par contre, est-ce qu’on a pensé à taxer ce Fenwick ou aux économies (donc bénéfices) qu’il permet de faire afin de payer le manque à gagner en termes de retraites et le surcoût du chomdu ?… Hmmm…. J’ai des forts doutes…

Et c’est la même chose à chaque fois que des machines remplacent les ouvriers : la machine ne cotise pas… elle ronronne, elle produit et elle rapporte…

Prenez aussi l’exemple des délocalisations. Certes, c’est moins cher de produire en Bulgarie ou en Chine. Mais lorsque l’on ferme une usine, que l’on met au chômage cent, mille ou dix mille personnes (avec le coût qui s’en suit côté assurance sociale), on détruit les cotisations qui vont avec. Mais les ouvriers bulgares ou chinois ne cotisent pas à nos caisses de retraites (d’où une partie de l’économie réalisée sur la production). Pense-t-on à taxer cette production qui revient sur nos marchés ? Pense-t-on à taxer le surplus des bénéfices qui se retrouve dans les poches des actionnaires ? Pense-t-on à taxer les fonds de pension américaines qui en profitent un max ? Questions à méditer…

Mais en tous cas, une chose semble sure : maintenir le principe d’une retraite par répartition où la population « active » (ou ce qu’il en reste) sur un plan purement national finance les inactifs (chômage, maladie, retraite…) n’a plus de sens dans une société où l’économie s’est mondialisée et où règnent la loi des dividendes.

Ceci dit, on pourrait aussi demander aux pays concernés de commencer par améliorer le sort de leurs propres ouvriers… Ce ne serait déjà pas si mal… pour un début.

La grève générale.

Constatons que, malgré une montée en puissance des manifestations contre la réforme des retraites, le gouvernement reste sourd à la vox populi (d’ailleurs, c’est un peu pareil partout dans ce triste monde). Du coup, certains prônent la grève générale… Ouais, allons-y !!!… On n’est pas contre… Osons… Y’a plou qu’à…

Sauf qu’il y à blème en la matière. Du temps des «vraies» grèves générales, les gens n’avaient pas grande chose à perdre. Au contraire, ils avaient tout à gagner. Aujourd’hui, les choses ont un tantinet peu changé : on a nos crédits, nos charges, nos impôts et les saletés de factures qui s’accumulent tout en s’accouplant avec les saletés de pubs qui polluent nos boîtes à lettres.

Il y a quelques paires d’années, des amis qui travaillaient dans l’éducation nationale ont participé à une grève qui a duré pas mal de temps… Ils n’ont pas eu gain de cause mais ont perdu quelques semaines de salaire. Résultat # 1 : ils ont du prendre un crédit pour rembourser leurs dettes… Résultat # 2 : faut plus leur causer de grève générale.

C’est là où le système nous tient par les couilles. Avant, lorsque l’on n’avait rien ou peu, on pouvait se permettre de se mettre en marge du système. Aujourd’hui, ce luxe n’existe plus : les banquiers, l’EDF (et ses consœurs), les opérateurs télécom et les hommes dites de «loi» veillent au grain et, comme toujours dans de pareils cas, les huissiers ne sont pas loin…

Bon… Hier, les révolutionnaires risquaient leur liberté voire leurs vies pour défendre un idéal… Aujourd’hui, c’est l’interdiction bancaire qui nous menace… Longue vie à la grève générale !

 
 

 

La croissance.

Inutile de faire un long discours sur la croissance, la décroissance et tutti quanti. D’autres le font mieux… à commencer par René Passet sans oublier notre cher ami à tous, René Dumont (sans doute un des pères de l’écologie politique).

Toujours est-il qu’il est utile de rappeler qu’après le dynamique écolo des années 70 et le passage difficile des années 80, le «concept» du développement durable a finalement vu le jour en 92, lors de la fameuse rencontre du CNUCED à Rio. Là, d’un seul coup, on a cru (naïvement) que vingt ans d’efforts avaient enfin abouti sur quelque chose de réellement palpable. Grosso modo, écologie rimait avec économie et l’économie était indissociable avec le souci social. «Economie», «Sociale» et «environnement» était trois clefs de l’avenir.

Ben, comme toujours, le système (The «establishment») anthropophage ou plutôt «idéophage», a récupéré la donne. Dix ans plus tard, lors du «Rio+10» à Johannesburg, on a remplacé les ONG par des entreprises et on a inventé un nouvel concept : la croissance durable. C’est magnifique, c’est impressionnant et c’est totalement kafkaïen.

Alors tout le monde s’y est mis. Tous les pollueurs de la planète, toute la grande distribution et tous les cautionneurs du système se sont convertis au «développement durable»… Il suffit d’une bonne campagne de pub, une affiche où t’as trois gamins : un blanc, un black et un beur (ou asiat … au choix), tous assis autour d’un globe puis d’un putain de bon slogan du style «notre planète, on s’en soucie»… Et v’lan que t’es blanchi, enfin «verdi» (le fameux «greenwashing»)… le système est indemne.

 


 

Sarko à nouveau en campagne…

Finalement, il ne sait faire que cela. Lorsque plus rien ne fonctionne et qu’il se retrouve au plus bas dans les sondages, il ressort la carte maitresse qui lui rappelle les bons vieux jours d’antan : l’insécurité.

C’est une recette qui date des premières heures de la civilisation et qui a (presque) toujours permis à l’homme de pouvoir de conquérir et de maintenir ce pouvoir : «vous vous soumettez et je vous protège»…

Et la populace tombe dans le panneau à chaque fois. Désespérant.

 
 

 

Affaire Woerth, financements occultes, Mamie gaga dite Bétancourt, paradis fiscaux, fraudes fiscales, fuites, écoutes téléphoniques, liberté de la presse en question…

Tout cela nous rappelle d’autres moments plus tragiques de l’Histoire.

Mais le pouvoir semble avoir oublié une chose : la liberté de la presse existe encore et, malgré tout, il existe encore ce principe que l’on nomme «démocratie» qui résiste, grâce à quelques garde-fous, à la volonté des puissants et des nantis.

Encore faut-il que l’on arrive à s’en servir à bon escient afin d’injecter un réel changement dans le système. Mais patience, cela arrivera car on est de plus en plus nombreux à s’en rendre compte.

 

Sarko défend une taxation sur les transactions financières.

Facile de défendre ce principe dans des instances où l’on sait d’avance que l’idée n’a aucune chance d’aboutir…

Pourquoi ne pas commencer par l’appliquer en France ? Ben non, c’est impensable car cela poserait problème par rapport à la compétitivité de l’entreprise française… OK… alors pourquoi pas l’Europe ? Ben non, en face, y’a la Chine, l’Inde, les USAs, le Brésil et les autres… Ben alors le monde ?... Ben non, ils seront tous unanimes pour dire que c’est une connerie.

Tant que les puissants, les financiers et les avocats de l’économie mondiale seront aux commandes, la taxation sur les transactions financières restera dans les allées obscures des utopies qui nous permettent de rêver.

Et ça, Sarko le sait très bien… Il défend la TTF ? Ca ne mange pas de pain. Il pourra toujours dire que si ça n’aboutit pas, c’est la faute aux autres.

Epilogue : suis-je pessimiste ? Lorsque je suis pessimiste, je pense à un vieux copain (un mec de valeur qui a fait 36, s’est retrouvé prisonnier pendant la guerre et qui a consacré sa vie à bosser pour le rapprochement des peuples jusqu’à son dernier jour… un mec bien quoi) qui m’a dit un jour : « C’est peut être de l’Utopie, mais c’est quand même l’Utopie qui nous fait avancer… non ? ».

Alors avançons.

 
 


C'est tout pour le moment. Quelques dessins de plus et vous en faites ce que vous voulez… Bonsoir et à soup’.

TR. Sept-Oct. 2010

 
 
 

Autres dessins :
Ceux de janvier-février 2010
Et de mars 2010...
Sans oublier avril 2010
Ou encore mai 2010
Pis septembre 2010
Et Décembre2010

Pis il y a aussi les dessins sur l'Humanitaire, Haïti n'est qu'un recommencement...
Sans oublier des trucs sur Copenhague... Triste farce...
Et pis et pis le site du Torchon libéré ... (qui demande une sacrée remise à jour... M'enfin...)

Tom Roberts
attalea@free.fr